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Dis donc, citoyens ! interrompt brusquement l’un d’eux. — Eh bien ! citoyens, reprend la dame, veuillez céder vos places à ma fille et à moi ; je les ai payées, elles m’appartiennent. »

Pour toute réponse elle n’obtient que de grossières plaisanteries qui dégénèrent bientôt en injures. Le Superbe passait en ce moment dans les corridors : le bruit qu’il entend dans la loge voisine le rend attentif : il écoute, il en apprend la cause, ouvre la porte, et somme les citoyens insolens de rendre la place à qui de droit. Sur leur refus, le Superbe saisit le plus mutin par le milieu du corps, et le levant avec son bras d’Hercule au-dessus de la loge, de manière à le tenir suspendu sur le public, Gare là dessous ! s’écrie-t-il.

Le mouvement était donné, le bras de fer se levait déjà ; les deux autres citoyens étaient restés pétrifiés ; et sans les instantes prières de la dame offensée, on comptait un homme de plus au parterre. Le Superbe, avec le plus grand sang-froid, dépose alors sur la banquette sa victime épouvantée, et se retire. Mais comme l’action avait eu lieu précisément à côté de la loge des officiers municipaux, il crut prudent de s’esquiver, et sortit aussitôt du spectacle.

Cette dame, fort riche alors, entièrement