Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

font la demi-tête derrière une porte vitrée. Louchon entre :

— Est-il là le père Bernard ?… Parce qu’on le demande à la Marine encore, j’ai idée qu’y a du malheur…

Il s’interrompt brusquement en voyant le vieux qui pleure, la face contractée. Mais Bernard crie :

— La Marine ! Quoi la Marine ! l’gars est foutu ! il est foutu !

Puis plus doucement, résigné, avec obéissance, il ajoute :

— Faudra y aller, puisqu’on demande, t’ira, Pierre.

Et il sort avec son fils en se cramponnant à son bras.

Les hommes respirent, encore troublés par leur propre silence. Enfin Clémotte risque :

— C’est un coup pour lui !

— Le quatrième gars, tout de même !

— Bon Dieu ! j’ai les sangs tournés, me faut une goutte, dit Hourtin.

— Donnes-en donc six, fait Viel à Zacharie, une pour chacun !

Bernard était allé s’asseoir sur la plage, derrière une grosse bouée qui le dissimulait au village. Devant lui il n’y avait que quelques casiers secs et tout de suite la mer qui, vue de bas ainsi, semblait monter vers l’horizon.