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À l’été P’tit Pierre éprouva un bonheur qui éclipsa ses joies précédentes, quand on l’envoya jusqu’à Saint-Nazaire durant la Grande Semaine Maritime. Florent avait écrit que son navire, le contre-torpilleur Lansquenet, serait de la fête et les Bernard avaient consenti à dépêcher P’tit Pierre chargé d’un pâté de bernache, d’une bouteille et d’un tricot neuf.

Il partit sur le Laissez-les dire, avec Julien Perchais qui allait courir aux régates. Ils étaient sept à bord : Théodore et François Goustan, les constructeurs de Noirmoutier, le père Clémotte, les deux matelots, le patron et P’tit Pierre.

Il ne se sentait pas de joie et gambadait sur le pont pendant l’appareillage. Le sloop vira la jetée, d’où la mère Bernard cria de toutes ses forces :

— Et tu l’embrasseras ben pour nous !

Mais P’tit Pierre ne voyait déjà plus que la barque qui l’emportait, inclinée sous la brise d’ouest, en charruant vigoureusement la mer transparente.