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comme s’il s’était surmené dans ses flâneries douanières :

— Te fatigue point, c’est ton tour de te reposer !

Et sérieusement, persuadé tout de même qu’il avait beaucoup travaillé durant sa vie, Bernard répliquait :

— Oh ! on va en douce !

Pour se délasser, il descendait au port, le soir, tailler une bavette avec les vieux causeurs.

Bernard avait pris place dans leur rang. Ils se retrouvaient chaque après-midi le long du canot de sauvetage. Le grand Hourtin arrivait le premier, et s’exclamait dès qu’il apercevait Clémotte :

— Tiens voilà l’pilote !

Ou bien :

— Voilà l’ brigadier ! si Bernard paraissait.

On le nommait lui-même « le gabier », et il n’y en avait qu’un seul qu’on appelait par son nom : Tonnerre, le baigneur.

Ils consultaient le baromètre, clignaient des yeux vers l’horizon et prophétisaient le temps à venir.

Ancien pilote, engraissé à terre, Clémotte roulait des cigarettes à longueur de jour en guettant, par habitude, les navires au large. Jaloux de sa vue, Hourtin s’efforçait de le prévenir et, dès qu’un point s’élevait sur la mer, les discussions