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nant l’îlot dans sa yole silencieuse, ou l’enfermant sous son regard du haut du mât. De son côté Sémelin s’était reclus dans le mutisme avec dégoût ; mais sa force morale et la crainte de la délation le faisaient respecter.

Indifférente, la mer fleurissait comme un jardin aux chaleurs du printemps. Parfois encore, certains soirs orageux, des nuages compacts pesaient sur l’horizon, en découvrant, par-dessus leurs crêtes d’or, le ciel profond d’azur. Mais ils ne bougeaient ni éclataient et fondaient à la fraîcheur de la nuit ou sous un rayon de lune.

Jean-Baptiste se livrait à la pêche avec acharnement. L’après-midi, à l’ombre du phare, il remaillait des filets, cerclait des casiers ou amorçait des lignes. Il en tendait partout, comme une traîne autour de l’île, en se dissimulant si bien parmi les roches, qu’il mettait en défaut la vigilance de l’adversaire.

À l’aide de la norvégienne, il allait aux champs de lianes des Sécé mouiller ou relever les casiers qui sortent du ventre de la mer, alourdis d’ophiures et gras de gélatines vives, dans une bouffée de relent iodé. Et il rapportait les tourteaux poilus qui font le mort et les homards aux queues cinglantes.

Toute cette agitation lui permettait de voir souvent la Gaude et de rire un brin avec elle. A