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fainéantise et à Louise le gros poupon dont elle accoucha un beau matin, avec l’aide de la mère Olichon. Le déshonneur quoi ! Et il distribuait de vigoureux coups de bottes « pour dresser les femelles ».

Elles accueillirent Jean-Baptiste comme un défenseur contre le père « qui s’était jamais tant boissonné », et comme une providence parce qu’il avait des sous. Ainsi que beaucoup de gens des côtes et des campagnes, entretenus par leurs enfants, les Piron vivaient des secours de leurs trois filles en service à la ville et des sept gars qui naviguaient sur toutes les mers.

Jean-Baptiste se laissa dépouiller sans trop rechigner. À terre, comme tous les marins en congé, il faisait le libéral et payait volontiers la tournée aux camarades chez Zacharie. On l’y avait taquiné, en trinquant, au sujet de la Gaude qui devait le désennuyer un brin au phare.

— C’est seul’ment Gaud que je plains, avec un gars comme toi ! avait dit Perchais.

Et Double Nerf, au milieu d’une tempête de rires, émit cette plaisanterie séculaire qui fera éternellement la joie des simples :

— Gaud ! il est ben à l’habitude ! C’est pus des cornes qu’il porte à ct’ heure, c’est une mâture !

Jean-Baptiste n’avait pas trouvé ces propos à