seulement à avoir oublié une grande partie du vocabulaire de Schleyer — ce qui est beaucoup plus facile qu’avec les autres langues — mais à croire que tout ce vocabulaire n’est pas digne d’attention. Il faut dire aussi que beaucoup de volapükistes hésitent à acheter un vocabulaire si coûteux parce que les éditions se renouvellent sans cesse, Schleyer apportant à chacune d’elles des modifications aux mots primitifs, modifications qui sont souvent tout l’opposé d’améliorations. Ainsi, dans les premières éditions, le cousin se disait très justement kœsen, aujourd’hui c’est kœsel, comme s’il appartenait à la même catégorie que les mots tailleur, teladel ; cordonnier, jukel ; maître, tidel ; camarade, kamadel ; juif, yudel ; Schleyer ne peut même pas se passer, dans son Volapük, des mots faire le juif et juiverie[1]. Dans chaque nouvelle édition on trouve l’avis suivant : « Le dictionnaire précédent est supprimé, plusieurs mots ayant été complètement transformés », puis : « c’est toujours le dictionnaire le plus récent qui est prépondérant. » C’est vraiment dommage qu’il n’en paraisse pas un tous les mois comme réédition de la tour de Babel. Ainsi, jusqu’à présent, promettre se disait pœmetæn ; la dernière édition que je ne possède malheureusement pas, donne, paraît-il, bæmetœn. Je désirerais bien aussi proposer à l’Académie française d’écrire dorénavant bromettre, d’après ce beau précepte : variatio delectat !
J’arrive ainsi à parler du vocabulaire en lui-même, et il est toujours préférable de comparer chaque mot ou chaque phrase du Volapük avec le mot ou la phrase correspondants de la lingvo, pour bien se rendre compte de l’énorme différence qui existe entre les deux langues ; je vais tâcher de le démontrer avec quelque méthode : tim, tempo ; stim, estimo ; spel, espero ; bel, monto ; mag, imago ; plin, komplimento ; fikul, malfacileco ; lan, animo ; lol, rozo ; lil, orelo ; lindif, indiferenco ; po, poste ; pat, particulareco ; specio ; fem, fermentaciono ;
- ↑ Ce qui fait dire à M. le Dr Kerckhoffs dans son journal le Volapük (3e année, no 17, page 262) : Il nous semble même qu’un mot comme yudanœn, faire le juif, devrait être banni de la langue ; nous n’avons pas à faire de l’antisémitisme !