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précepte fondamental des langues qui est la concision, ne recherchant que cette condition superficielle : l’intelligibilité immédiatement apparente. Que faire, en effet, de mots dont on ne peut deviner le sens, qu’après s’être livré à des combinaisons souvent fort singulières, cas qui se présente avec Bauer plus fréquemment encore qu’avec Schleyer ? Bauer appelle ceci : corrélation ; si j’avais connu plus tôt ses combinaisons les plus récentes, telles qu’il les a publiées dans une brochure qui est contre moi, aussi bien que contre la lingvo internacia, je ne l’aurais, certes, pas tant ménagé dans mon avant-propos où j’ai parlé de son Spelin, car, déjà maintenant il ne reste plus rien de sa « corrélation ! » Quelle différence avec le Dr  Esperanto ! Les radicaux, il les emprunte pour la majeure partie au latin ou à sa langue sœur le français, qui reste toujours la langue des savants et la plus répandue du monde, puis en partie aussi — pour 20 % environ — aux langues germaniques. Ce dont il faut le louer aussi c’est qu’il a su donner à sa langue les terminaisons les plus simples et les plus belles : par exemple, pour le substantif la terminaison o (la naturo, la nature)[1], à l’adjectif la terminaison a (natura, naturel), au verbe la terminaison i (naturi, naturaliser), et à l’adverbe la terminaison e (nature, naturellement), de sorte que sa langue possède les sons harmonieux de l’italien. Ajoutez à cela que les consonnes sifflantes sch et tsch, qu’il emploie, donnent une nuance de ton admirable, exactement comme les cymbales et la grosse caisse sont le complément nécessaire de la musique ; c’est ce qui manque au Volapük qui n’a pas la consonne 'R'.

En comparant le petit dictionnaire primitif de Schleyer avec la liste des radicaux que donne le Dr 

  1. En lingvo internacia, contrairement au Volapük, c’est toujours sur l’avant-dernière syllabe que porte l’accent. J’attire ici en même temps l’attention sur la différence de prononciation des consonnes suivantes : ĉ : tch, ĝ : gh, ĥ : h dur (rendue en français par r), v : v, z : s, ŝ : ch, ĵ : notre j français. - Le Dr  Esperanto emploie pour ces lettres ch, gh, hh, jh et sh, les lettres c, g, h, j, s surmontés d’un accent circonflexe ce que je n’ai pu faire, l’imprimeur n’ayant pas ces caractères spéciaux. Ils seront fidèlement reproduits dans la grammaire. (A.D.)