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Voilà huit ans, lorsque les journaux nous apprirent tout à coup qu’un ecclésiastique de Litzelstetten, sur le lac de Constance, avait inventé une langue artificielle, du nom de Volapük tous, savants comme ignorants, se montrèrent incrédules : car, d’abord il ne peut pas y avoir de langue universelle, et ensuite, une langue ne peut pas être inventée.

Schleyer est bien le premier coupable dans ces malentendus, car il n’aurait pas dû donner à sa langue le nom de Volapük (langue universelle), avec cette devise à double sens : menadé bal püki bal (à une humanité une langue). Ce nom et cette devise avaient amené un grand nombre d’adhérents ; Schleyer voulait que son Volapük prit la place des langues existantes ; idée absurde s’il en fut. Cependant cette utopie eût quelque crédit tout d’abord, malgré tous les efforts que firent pour la combattre les adversaires de la langue universelle. Ce titre « inventeur de la langue universelle » que Schleyer s’appliquait, était tout aussi mal approprié.

C’est ce qui faisait dire au docteur Rudolf Kleinpaul[1] dans son récent ouvrage La langue sans paroles : « Schleyer n’a rien inventé. Qu’a-t-il pu ? Estropier l’anglais et lui emprunter sa grammaire ».

Les expressions dont se sert Kleinpaul vis-à-vis du Volapük dépassent, il faut le reconnaître, la mesure du juste et ne font que prouver combien peu il conçoit l’idée d’une langue universelle et combien il lui est hostile, ressemblant en cela, du reste, à beaucoup de ses confrères. Qu’on me permette de mentionner encore le travail le plus récent de l’adversaire déclaré des langues universelles, le docteur Hamel : La tendance réactionnaire du mouvement des langues universelles, dont je me propose de parler dans ma prochaine brochure, car cet ouvrage a trouvé un écho fanatique dans le journal « Tagl. Rundschau ».

Celui qui a étudié l’Aldono, c’est-à-dire le supplément de l’étude du docteur Esperanto, l’auteur de la Lingvo

  1. L’auteur connu « de Rome et Florence à la plume et au crayon » qui, comme beaucoup d’autres savants, ne voient pas de forêt sans les arbres, est un adversaire de l’idée d’une langue universelle.