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M. Eiffel donne le sous-détail des prix de cet ouvrage, qui se traduit par une dépense totale de 3 155 000 francs, y compris les fondations, les ascenseurs et leurs moteurs[1]. Il faut faire observer que, pour la destination de l’œuvre dont il s’agit, il n’y a pas lieu de tenir compte du prix du terrain.

Il n’y a, du reste, de réellement occupée que la surface des quatre massifs d’angle formant la base de la pyramide.

Le montage ne présentera pas de difficultés particulières et n’exigera pas plus d’une année.

Comme matière, l’emploi du fer ou de l’acier est tout indiqué, et M. Eiffel le justifie par des considérations développées dans son mémoire.

M. Eiffel ne croit pas que l’on arrive, pour la maçonnerie, soit seule, soit combinée avec le fer, à une possibilité d’exécution, à moins qu’on ne veuille mettre de côté toute question de prix. Il fait remarquer que ce qui limite pratiquement la hauteur de la tour en maçonnerie, c’est la résistance des mortiers, tout à fait indépendante de la résistance même de la pierre.

Les édifices considérés comme les plus hardis, et dont il cite des exemples d’après Navier, ne travaillent pas à plus de 15 à 20 kilogrammes par centimètre carré ; exceptionnellement, les piliers de la tour de l’église Saint-Merri et ceux du dôme du Panthéon travaillent à 29kg,40.

Il cite, comme autre exemple, le monument qu’on vient d’inaugurer à Washington, et qui est un obélisque en granit de 169 mètres de hauteur, actuellement le plus haut monument du monde.

C’est une pyramide carrée qui a 16m,80 de côté à la base, et 10m,50 de côté au sommet ; l’épaisseur des maçonneries varie de 4m,57 à 0m,50. L’effort de compression sur la base est de 20 kilogrammes par centimètre carré et, en tenant compte de l’effet du vent, de 25 kilogrammes.

L’exemple de cette tour n’est pas très encourageant pour la construction d’une Tour en maçonnerie de 300 mètres : en effet, commencée en 1848, la pyramide arriva en 1854 à une hauteur de 46 mètres et s’inclina de telle façon qu’on dut suspendre les travaux et reprendre toute la fondation en sous-œuvre, en se résolvant en même temps à réduire la hauteur, primitivement prévue à 183 mètres, pour la ramener à 169 mètres.

En 1880, les travaux d’élévation recommencèrent et marchèrent régulièrement depuis, à raison de 30 mètres par année. La dépense s’élève actuellement à 6 222 000 francs et sera portée à 7 100 000 francs avec les travaux complémentaires.

  1. Si l’on cherche ce que deviendrait la dépense, dans le cas d’une réduction dans la hauteur, on trouve qu’une tour de 250 mètres de hauteur et 85 mètres de base coûterait 2 000 000 de francs, et qu’une tour de 200 mètres de hauteur et 70 mètres de base coûterait 1 400 000 francs.

    Dans le cas où l’une de ces tours serait, après la durée de l’Exposition, transférée en un point plus élevé de Paris, les dépenses relatives à ce déplacement seraient de :

    Pour la tour de 250 mètres ............ 500 000 francs
    et pour celle de 200 mètres ............ 375 000 francs.