Page:Eiffel – Réponse à la protestation des artistes, paru dans Le Temps, 14 février 1887.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La protestation gratifie la tour d’« odieuse colonne de tôle boulonnée ». Je n’ai point vu ce ton de dédain sans en être irrité. Il y a parmi les signataires des hommes que j’admire et que j’estime. Il y en a d’autres qui sont connus pour peindre de jolies petites femmes se mettant une fleur au corsage ou pour avoir tourné spirituellement quelques couplets de vaudeville. Eh bien, franchement, je crois que toute la France n’est pas là-dedans. M. de Voguë, dans un récent article de la Revue des Deux Mondes, après avoir constaté que dans n’importe quelle ville d’Europe où il passait il entendait chanter Ugène, tu me fais de la peine et le Bi du bout du banc, se demandait si nous étions en train de devenir les græculi du monde contemporain. Il me semble que n’eût-elle pas d’autre raison d’être que de montrer que nous ne sommes pas seulement le pays des amusements, mais aussi celui des ingénieurs et des constructeurs qu’on appelle de toutes les régions du monde pour édifier les ponts, les viaducs, les gares et les grands monuments de l’industrie moderne, la tour Eiffel mériterait d’être traitée avec plus de considération.

Voilà, en substance, ce que nous a répondu M. Eiffel.