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XIV
La femme rit toujours de l’amour des poëtes,
Elle ne comprend pas ces âmes inquiètes
Que torture la soif d’un baiser infini
Qui ne descend jamais sur leur front de banni.
Leur amour est trop grand, il passe, solitaire
Comme un prince exilé, dans sa grandeur austère.
Le poëte toujours monte seul au trépas.
On l’admire parfois, mais on ne l’aime pas.
XV
Un soir la mer versait sur la grève isolée
Sa lamentation terrible et désolée.
Les vagues se tordaient sous l’ouragan lointain,
Quelques esquifs fuyaient sous le vent incertain,
Et la lune couvrait les grèves nuageuses
Que battaient lourdement les vagues voyageuses,
D’un long drap de rayons où comme des cercueils,
Immobiles, gisaient les flancs noirs des écueils.