Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II
Le bourg de Regenstauff n’a qu’une seule auberge,
Où l’hôte, affable et doux pour tous ceux qu’il héberge,
Donne souvent au pauvre, assis dans son jardin,
Sa bière la plus fraîche, et son meilleur boudin
Grassement étendu dans un plat de choucroute,
Et n’a pas cependant fait encor banqueroute.
Nous entrâmes tous deux chez le bon hôtelier
Qui fumait, en causant avec un vieux routier.
III
Près des murs tapissés de guirlandes de lierre
Quelques lourds paysans buvaient leurs brocs de bière.
Le chanteur prit sa harpe et se mit à chanter ;
Et chacun aussitôt se tut pour l’écouter.
Il avait une voix étrange et désolée
Où sanglotait parfois une douleur voilée ;
Son chant secouait l’âme et la faisait pleurer.
— Un souvenir amer semblait le torturer. —