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Il restait triste et seul, sur la terre crayeuse,
Au milieu des cailloux immobile et penché ;
Ses branches n’avaient plus nulle note joyeuse,
Et la bise pleurait dans son tronc desséché.

Et moi, pauvre rimeur tordu par la souffrance,
Je suis comme cet orme où la sève a tari ;
Tout s’est éteint dans moi, tout, jusqu’à l’espérance,
Je ne crois plus à rien, je suis un tronc pourri.

Dans le sable j’ai vu se perdre goutte à goutte
Tout le sang généreux de mes illusions,
Le ver du scepticisme, au début de la route,
A rongé ma jeunesse aux sombres visions.

L’amitié n’est qu’un mot et l’amour une chose,
Les hommes les plus purs ont de la fange au cœur ;
La hideuse chenille habite dans la rose,
Et toute mélodie a son écho moqueur.