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prodigue analysé plus haut, mais d’un jeune garçon du peuple, d’un apprenti ou d’un manœuvre qu’écrase l’initiation au plus rude des métiers. Figure indiciblement sympathique et attendrissante ! Le peintre de la joie et de l’insouciance l’a fixée avec une précision inoubliable.

Naturellement il la place dans son décor familier, devant l’accueillante auberge au cœur des plantureuses et réjouies campagnes de Perck, dans le chaud bourdonnement d’une fin de jour.

« Devant la porte de l’auberge », écrit le regretté Virgile Josz qui dénicha ce tableau dans un musée de Hollande, « des gaillards quelque peu émêchés se tiennent encore assez d’aplomb pour achever leur épique partie de boules. Non loin d’eux un chien et trois galopins se battent à propos d’un panier. Sur le seuil, amusée, une solide et imposante commère, donne le sein à un nourrisson goulu, tandis que, sous l’auvent de planches qui s’accote à la devanture, de bons bougres cessent de boire à même le pot, pour appeler cordialement, des charpentiers qui passent, la journée faite. Ces derniers, ravis de l’aubaine, s’empressent pour les rejoindre, et la fille apporte une nouvelle cruche pleine.