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dans toutes les bornes du décorum. Le tableau, daté de 1644, est maintenu dans cette tonalité d’or et d’ambre adoptée par le peintre à cette époque. Ici encore, le décor de l’auberge et le paysage adjacent étalant de ravissantes perspectives, bien spécifiquement brabançonnes, contribuent pour une large part au prestige et à la séduction de ce chef-d’œuvre.

Dans la galerie des personnages de Teniers, de ses figures rudes ou avenantes mais sans physionomie bien expressive, même lorsqu’elles possèdent du charme et de la grâce, il s’en glisse parfois d’un sentiment plus relevé, qui ne se bornent pas à attirer l’attention mais qui la retiennent profondément, qui parlent pour ainsi dire à l’âme. Le peintre ne se contente pas de flatter notre sensualité optique, mais il fait intervenir le poète qui s’adresse bel et bien à notre sensibilité morale, qui nous fait réfléchir et méditer.

Ce sera le cas pour telle figure de Teniers que Virgile Josz paraphrase suggestivement dans son beau livre sur Watteau. À la différence de Diderot, Josz aime autant Teniers que Watteau, et en parlant de celui-ci il ne dédaigne pas de louer celui-là.

Il ne s’agit plus seulement, dans le Teniers en question, d’un joli damoiseau semblable à l’Enfant