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page, et on ne conçoit pas qu’avec cette figure timide et quasi-angélique il ait songé à déserter le foyer paternel. Tel qu’il est, le coquebin n’en aura pas moins jeté ses gourmes. Teniers nous le montre attablé à la porte d’une auberge villageoise, — déjà rencontrée assez souvent dans son œuvre, — en compagnie de deux appétissantes commères. À vrai dire celles-ci n’ont pas trop l’air de ce qu’elles sont. On les prendrait pour des sœurs plutôt que pour les amantes de leur amphytrion. À en croire le peintre ce sont pourtant ces mijaurées qui auraient déniaisé notre béjaune. Combien les apparences sont trompeuses ! En attendant l’Enfant prodigue est en veine de prodigalités. La table est copieusement et opulemment servie. Un valet fait l’office d’échanson, un autre drôle celui d’écuyer-tranchant. L’hôtesse inscrit le montant de l’écot à la craie sur le tableau des mauvais payeurs. Le patron apporte un plat. Une louche figure d’entremetteuse, peut-être la même qui circonvenait le bon saint Antoine, s’entrevoit auprès des deux sirènes. Elle leur donne sans doute ses dernières instructions. Deux musiciens grotesques fournissent le concert, accompagnement obligé du gueuleton. En somme la scène demeure, une fois de plus