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chrétiennes, Teniers nous aura proposé une version assez originale des aventures de l’Enfant prodigue. Il ne prend pas celui-ci à son retour au bercail. Le transfuge repenti n’est plus attablé avec ses parents en ce festin de joyeuse rentrée dont le veau gras tué en son honneur devait fournir la pièce de résistance. Non, le peintre nous fait assister à un épisode de la fugue de cet enfant terrible. Nous le surprenons dans ses dissipations sinon dans ses débauches. Il s’agit encore d’un banquet mais non pas de celui qui l’attend au foyer paternel. Pour l’instant notre émancipé fait la noce avec des madeleines pour qui l’heure du repentir n’a pas plus sonné que pour lui. Cet Enfant prodigue appartient aussi au Louvre, et n’a rien de commun non plus avec les bambochades qui représentent les seuls titres de Teniers à la célébrité, auprès des profanes et des critiques superficiels. Ce jouvenceau précoce pourrait rivaliser avec les plus délicieux adolescents de l’École Italienne. Notre robuste Flamand n’eut-il créé que cette sémillante figure, celle-ci suffirait pour le laver du reproche d’avoir peint exclusivement les masques rebutants et les anatomies contrefaites de nature à calomnier la race flamande.

Ce jeunet a même l’air d’une pucelle déguisée en