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Teniers n’aura certes négligé cette occasion de briller à tout son avantage…

Or, jugez de la déconvenue qui attend nos paillards devant ce tableau portant un titre si plein de promesses. Leur déception est presque de la consternation. Non, là, vrai, qui se serait attendu à mystification pareille !

Teniers s’est-il amusé à leurs dépens ?

Les connaisseurs mêmes, qui ne confondent point le maître avec des Flamands ou Hollandais plus cyniques, ne lui auraient attribué pareille décence, autant de sagesse.

Au lieu de nous transporter parmi des maroufles dont la sensualité ne connaît guère de retenue, Teniers nous introduit dans le plus élégant des milieux et des mondes.

Les personnages sont ravissants de mine et de vêture. Femmes, jeunes hommes, enfants s’adaptent à leurs aristocratiques ambiances, se délectent à la vue du luxe aimable et radieux qui les entoure et se régalent mutuellement de leurs avenantes présences. Ils goûtent les mets relevés qu’on leur a servis, dégustent de rares breuvages, respirent de subtils parfums, se caressent le toucher à des objets précieux,