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et les types, hommes ou femmes, vieillards ou jeunes gens, loin d’être disgraciés par la nature se parent de la musculature la mieux proportionnée et des visages les plus avenants. Le Fumeur du Musée de Dresde saisi en quelques coups de crayon nous donne l’illusion de la vie même. Et de quel regard tendrement langoureux la bonne femme, à l’arrière-plan, couve la béatitude de son homme !

Quelques-uns des paysans typés par Teniers sont pris dans une condition quelque peu au-dessus des simples tâcherons. Ce sera par exemple son Médecin de Village du Musée de Bruxelles. Qu’il est savoureusement campé, ce médicastre, attablé devant l’un ou l’autre grimoire, mais se détournant, le bras tendu pour exposer à la lumière, une fiole contenant sans doute quelque échantillon des urines de la bonne femme qui est venue le consulter et qui le considère d’un air piteux, angoissé, presque suppliant, pour ainsi dire apitoyé sur elle-même. Rien pourtant n’y est poussé à la charge. C’est une merveille d’observation et d’humour discret, de bénigne ironie. Et comme c’est peint ! Quelle saveur, quelle rutilance, quelle harmonie dans les tons ! Comme tout y est traité amoureusement, depuis le groupe principal du char-