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empâtement généreux la partie claire d’une cuirasse, ou bien il caresse avec suavité les reflets d’un bassin à rafraîchir. La solidité du mur, la légèreté de la charge accrochée au contrevent, le pelucheux d’une selle, le mat d’une attache de cuir, le soyeux des cheveux longs, la brosse des cheveux courts, l’aspect lisse de l’ardoise où la maritorne marque la dépense du cabaret ; tout cela est exprimé avec une justesse merveilleuse, qu’assaisonne encore une intention de malice ou d’ironie.

« Mais la touche de Teniers — qui, sous ce rapport, peut être considéré comme le peintre par excellence — n’est pas seulement variée ; elle est inégale, parce que le peintre n’insiste sur les objets représentés qu’au fur et à mesure de leur importance, et aussi parce que sa main est guidée par le sentiment perpétuel de la perspective. S’il peint les cercles d’un tonneau, il en suit la forme circulaire, s’il peint les côtés fuyants de la table, son pinceau se dirige instinctivement vers le point de vue. Vive et chargée sur le clair des objets placés au niveau du cadre, sa pâte devient plus légère, plus menue et plus fondue dès qu’elle représente les parties enfoncées du tableau et dans le lointain, si c’est un paysage, ou dans les pro-