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touche, un sens de la mesure qui refrène les emportements de ses pinceaux tout comme il atténue la turbulence de ses modèles ; la sûreté de la main, et toujours cette élégance, nous dirons même cette aristocratie qui empêche l’interprète très fidèle des mœurs rustiques de flatter ce que ces mœurs déchaîneraient de frénésie. Ses dessins sont aussi savoureux que ses tableaux. De même qu’il peint à touches menues il dessine à petits traits, et il ne lui faut que quelques coups de crayon pour donner la forme et communiquer la vie à ses personnages.

Charles Blanc, dans sa Grammaire des Arts du Dessin, parle de Teniers en termes très élogieux au sujet de sa touche. Voici ce qu’il dit :

« Teniers est admirable pour accomoder sa touche à la physionomie de chaque objet. Sans la moindre peine et comme en se jouant il reconnaît et il accuse le caractère des carnations : ici la peau tendue et fraîche d’une jeune fermière ; là, l’épiderme rugueux d’un vieux ménétrier dont le nez bourgeonne. Il glisse, en passant, une traînée de lumière sur l’ivoire d’une clarinette, ou bien il pointe un clair vif sur le luisant d’un pot de grés. Il affirme avec résolution et d’un