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maîtres ou petits maîtres, ses contemporains, insistèrent bien autrement sur les difformités, les grimaces, les allures grotesques et les effusions risquées des serfs de la glèbe. Il semble que Teniers ait vu ses pasteurs et ses métayers avec la cordialité et la bonhomie conciliante que le romancier Walter Scott témoignait à ses fermiers d’Abbotsford.

S’il est sollicité par le pittoresque des coutumes villageoises, par l’expression naïve, l’hébétude ou l’effronterie des visages, par le bariolage et les plis des vêtements, il fait ressortir ce que ces milieux farouches et impulsifs préservent encore de sympathie et de solidarité humaines, et il dissimule ce que ces manifestations auraient de grossier ou de franchement bestial. Et, encore une fois, si ce bon peintre encourrait quelques reproches ce serait non point pour avoir affadi ou adonisé ses pitauds, encore moins pour les avoir poussés à la charge en exagérant leur caractère, mais pour les avoir montrés uniformément réservés, circonspects, paisibles, trop modérément allègres.

Les qualités qui le distinguent comme peintre se retrouvent dans ses dessins et dans ses estampes ; savoir la vivacité pour ainsi dire spirituelle de la