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paysans, lui offraient d’intéressant. Mais profondément Anversois, et comme tel, estimant hautement la distinction et se plaisant à en parer les êtres les plus près de la nature. Il est saturé de Rubens, il subit son influence dans le mode de création, il s’assimile sa lumière harmonieuse et claire, mais il admire aussi Brauwer et comme celui-ci il n’hésitera pas à frayer avec des gens de condition infime, il se risquera même à leur suite, mis en humeur drôlatique, dans quelque domaine en dehors de la stricte décence, mais cela prudemment et en demeurant toujours distingué. Louis XIV se froisse de ce sans-gène. La morgue de l’autocrate nous choquera davantage, entre le Roi Soleil et nous ! Il arriva à Teniers d’abuser de sa facilité et de se contenter d’une exécution sommaire, pour satisfaire aux commandes. Toutefois il ne tardait pas à se reprendre, et se retrouvait à nouveau si savoureusement distingué et si aimable dans l’expression de la vérité, que, peintre des paysans, il nous attendrit jusque dans l’atmosphère qui les baigne, jusque dans les paysages qui les entourent et qui les imprègnent de leurs prestiges. »

Remarquons, comme le critique insiste sur la distinction du peintre, cette distinction anversoise que