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Ce fut, sans doute, un bon vivant, sensuel et épicurien à l’égal de la plupart de ses compatriotes de toutes les époques, mais jamais il ne tomba dans les excès qui devaient faire, autant que leur peinture, la réputation de pas mal de ses confrères.

Il ne mena peut-être pas à Perck la vie de grand seigneur de Rubens, son voisin, mais il fut tout de même un parfait gentilhomme campagnard. Les Anglais diraient un squire plutôt qu’un lord, un baronnet plutôt qu’un baron.

Et s’il s’avéra fatalement, comme tout véritable artiste, quelque peu l’homme de ses œuvres, s’il lui arriva parfois de prendre part aux Kermesses qu’il peignit, hâtons-nous de constater que celles-ci n’avaient rien d’outré et de débridé. S’il y avait même un reproche à leur faire, ce serait de pécher par trop de décorum et de sagesse. À côté de la fameuse Kermesse de Rubens, au Louvre, les siennes sont presque idylliques. Tudieu ! quelle fougue, quel lyrisme charnel, quelle épopée des instincts primordiaux, dans le tableau de Pierre Paul ! On dirait d’une mêlée de corybantes. Les sabotières et les rondes plutôt flegmatiques de nos bons villageois