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et difformes, de vrais magots ceux-là, que les Steen, les Dusart et les Craesbeeke, et même, parfois avant eux, les Bruegel, se complurent à flatter de leurs pinceaux.

Dans ses Flamandes, un livre de ses débuts — ceci soit dit pour l’excuser, − Verhaeren enchérit même sur les idées fausses que le vulgaire se fait de la peinture de Teniers. À l’en croire, non seulement le châtelain des Trois Tours aurait peint des scènes plutôt répugnantes, mais lui-même y aurait pris part. Ne mêle-t-il pas l’artiste à la promiscuité de goinfres, d’ivrognes et de paillards :

Dans les bouges fumeux où pendent des jambons,
De rires plein la bouche et de lard plein le ventre ?

Et des vers comme celui-ci, ne contribueraient-ils pas à entretenir l’opinion que nos rapins ne se font que trop souvent sur les moyens de s’entraîner au bon travail :

Ils faisaient des chefs-d’œuvre entre deux soûleries.

Or, en ce qui concerne Teniers, nul ne mena existence plus paisible, plus laborieuse et plus rangée.