Page:Eekhoud - Teniers, 1926.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mait pas le petit en aucun genre, quoiqu’il eût dans l’esprit autant de délicatesse que de grandeur ».

Commentant cette lettre Schellekens constate que la bonhomie spirituelle, la souplesse du doigté, le sentiment de la nature, l’art dans la distribution des tons et des lumières, caractérisent également les apologues du poète et les scènes champêtres et familières du peintre. Les admirateurs de Teniers ne se plaindront pas de le voir mis à côté de La Fontaine. Ils trouveront la comparaison plutôt flatteuse.

à ce titre ce serait plutôt un honneur pour Teniers d’avoir été traité par le Roi-Soleil comme il traîta le plus grand poète français de son temps et même de tous les temps.

Heureusement pour notre Teniers, son art n’a rien de commun avec ce classicisme théâtral et conventionnel, avec cette grandiloquence picturale chère au protecteur des Rigaud et des Larguillère. Il n’a rien de commun non plus avec les Jeannots et les Colins, musqués, enrubannés et mignards, que les bergeries et les pastorales de Florian mettraient à la mode au XVIIIe siècle.

En revanche, les rustres de Teniers s’écartent tout autant des pitauds renforcés, des malotrus contrefaits