II.
PARENTHÈSE.
Mourir ! pour les amants serait la délivrance.
Ils sont de cette caste, esclave dès l’enfance :
Serfs taillables, voués à la glèbe, manants
Assimilés aux chiens, êtres qu’on a faits chose,
Dont le seigneur suivant son caprice dispose :
Battus s’ils sont soumis, pendus s’ils sont gênants.
Sur leur berceau l’on pleure, et l’on rit sur leur tombe.
Les parents sont heureux lorsque l’enfant succombe.
Horreur ! La mère a peur de la maternité.
Elle sait que le fruit porté dans ses entrailles
Est condamné d’avance. Affreuses relevailles !
Pourquoi donner la vie à ce déshérité ?
Est-ce pour les livrer aux sombres aventures
Que notre terre enfante autant de créatures ?
S’il faut tant de trépas pourquoi ce sein fécond ?
Pourquoi ce chaud soleil, pourquoi tout faire éclore ?
À quoi bon les agneaux si le loup les dévore ?
Pourquoi la mort, si Dieu les a faits ce qu’ils sont ?