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Myrtes et Cyprès.

Par la muse joyeuse en mon cœur réunis,
Survivront à tes coups, vieillard mélancolique !
Tes frimas se fondront à ce contact brûlant,
Comme la nuit pâlit devant l’astre magique
Lorsque des cieux voilés il dore le portique,
Ou comme un rêve affreux, un songe chimérique
Que l’esprit tourmenté dissipe en s’éveillant.

Le rossignol s’enfuit, rejoint par l’hirondelle.
À nos rives en deuil quelques mois infidèle,
Il laissera les bois déparés et muets !
La fleur a pour longtemps refermé son calice,
Et les jardins, séjours intimes et discrets
Où de tendres amants chuchotaient leurs secrets,
Ne leur offriront plus de roses ni d’œillets,
Car il n’est rien, hiver, que ta main ne flétrisse !…

Mais, si la chanson meurt, si le rayon s’éteint,
Si la glace en tordant les ondes qu’elle atteint
Fait taire du ruisseau le timide murmure,