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Myrtes et Cyprès.

Gémissait par moments dans l’ombre des caveaux
Quand la brise plaintive y jetait quelques mots.
De ses roides donjons, de ses tours altières,
L’une n’existait plus que comme un tas de pierres
Informe. On pouvait voir à côté d’un pilier
Les degrés chancelants d’un gothique escalier,
Désormais sans plafond qui limitât la vue.
La spirale en montait légère vers la nue.
Plus loin on remarquait le donjon isolé
Près des fossés où l’eau jadis avait coulé.
Il se dressait fier, sentinelle avancée,
Levant sur l’horizon sa pointe crevassée,
Où, singulier vestige, on distinguait encor,
Tournant aux quatre vents, la girouette d’or.
Tel était Gallifort, débris du moyen âge,
Ravagé par le temps et rogné par l’orage,
N’ayant pas même, hélas ! comme les burgs du Rhin,
Un lierre ami voilant son front chauve et serein.
Jadis on redoutait ses murailles hostiles ;
À ses pieds aujourd’hui verdoient les champs fertiles,