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Myrtes et Cyprès.


Le ruisseau murmurait tout le long de l’allée,
La voix du rossignol nous descendait, perlée
Et plaintive, du haut des peupliers touffus.
Nous écoutions — ta main reposant dans la mienne —
Ces chants mystérieux, cette note aérienne,
Et nous ne parlions pas, tant nous étions émus.

Je me disais : « Avec cet azur sur nos têtes,
Ces soupirs s’éveillant dans les forêts muettes,
Cet arome enivrant des arbres généreux ;
Avec ce frôlement intermittent des feuilles
Dans ton temple serein, ô nuit ! tu nous accueilles
En étendant sur nous tes charmes vaporeux ! »

Et quand le rossignol eut fini sa romance,
Je ne me sentais plus ; quelque chose d’immense
Envahissait mon être et l’attachait à toi.
Je dus céder enfin à l’élan de mon âme
Et tomber à tes pieds, car ta beauté de femme
Était en ce moment trop céleste pour moi.