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Myrtes et Cyprès.

Il faut du sang au glaive et des flots à la mer,
Des ombres au tableau, de la neige à l’hiver.

Il faut aux grands bois sourds l’haleine du zéphyre,
À la lèvre un baiser et le son à la lyre ;
Il faut, lorsqu’on se sent oppressé de chagrin,
Que les pleurs mouillent l’œil et soulagent le sein.

Il faut à l’exilé le souvenir fidèle ;
Il faut le flocon blanc au nid de l’hirondelle,
Il faut que chaque objet retourne en son milieu,
La dépouille à la tombe et les âmes à Dieu.

Il faut la tiède nuit à la paupière close,
L’innocence à l’enfant, l’amour à la beauté ;
Le bouquet le plus beau n’est rien sans une rose :
À Calmpthout, frais séjour, il manquait quelque chose…
Madame, en l’habitant, vous l’avez complété.


7 juillet 1874.