Page:Eekhoud - Myrtes & Cyprès, 1877.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
Myrtes et Cyprès.


Parfois, au bord du champ, un jeune campagnard.
Un bouvier attentif, fort et viril gaillard,
Débordant de santé, plein de sève et de vie,
Debout, coude appuyé sur le bâton noueux,
Nous regardait passer sur le chemin poudreux,
Distrait de sa chanson ou de sa rêverie.

Puis, à mesure que nous avancions : — plus loin,
Les toits de chaume verts et les meules de foin,
Le puits et ses deux seaux suspendus à leurs chaînes,
Les poules caquetant sur les fumiers en tas,
Les bambins, gros joufflus, qui se parlent tout bas,
Accourus sur le seuil ou cachés sous les chênes :

Tout cela me portait dans un pays nouveau ;
Chaque chose m’allait au cœur : tout était beau.
Comme si je n’avais jamais vu la campagne.
Il me venait parfois des attendrissements ;
Je me sentais heureux comme un essaim d’enfants
Libres de folâtrer sans qu’on les accompagne.