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Myrtes et Cyprès.


Vous le rappelez-vous ? Moi, citadin forcé,
Par l’air de ma prison constamment oppressé,
Je pris mon vol un jour : l’oiseau quitta sa cage.
Quelques heures je vins visiter votre nid,
Séjour charmant de ceux qu’un Dieu d’amour bénit,
Asile poétique entouré de feuillage.

L’automne allait venir… Sur les halliers touffus
Apparaissaient déjà des tons bruns et confus ;
Le rouge cramoisi montait au vert des haies ;
Les sapins exhalaient de sauvages senteurs ;
L’air était tiède et pur ; les bleuâtres lueurs
D’un beau ciel recueilli tombaient sur les futaies.

Les oiseaux chantonnaient, joyeux, à l’unisson,
Sautillant, voletant de buisson en buisson,
Secouant au soleil leur aile pétulante ;
Dans les prés veloutés ruminaient les grands bœufs,
Un placide regard contenu dans leurs yeux,
Les jarrets repliés et la tête branlante.