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Myrtes et Cyprès.


Puis, enfant, le poète est un autre Tantale
Que consume une soif dévorante et fatale,
Qu’il ne peut assouvir, qu’il ne peut étancher…
Le nectar idéal brille dans son calice,
Déjà sa bouche en feu l’aspire avec délice,
Quand le destin cruel le lui vient arracher

Enfant, ainsi vit le poëte,

Cœur éprouvé, mais front serein :
On ne saurait voir la tempête
Qui tourbillonne dans son sein.

Il chante, et, malgré la torture
Qu’il subit, il espère encor…
Jamais un rebelle murmure
Ne tremble sur sa lyre d’or.

Il a des chants pour le génie

Et des larmes pour le malheur.