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Myrtes et Cyprès.

Pour me bercer à cette ineffable harmonie
Que la brise chante à la nature assoupie.
Les feux du crépuscule empourpraient les coteaux,
Les talus se miraient dans la nappe des eaux.
Ici, l’ombre, mêlée à des flots de lumière,
Semblait faire mouvoir le sentier solitaire ;
Là, le gazon penchait les urnes de ses fleurs,
Confondant leurs parfums ainsi que leurs couleurs.

Qu’elle est grave cette heure où règne le silence,
Où sur l’arbre muet l’oiseau qui se balance
A cessé tout le bruit que faisaient à la fois
Son aile palpitante et les chants de sa voix !

Qu’elle est douce cette heure où la mère pieuse
Se penche sur le front de sa fille rieuse
Et veille avec amour ce doux ange endormi,
Dont elle est le soutien comme l’unique ami !

Qu’elle est sainte cette heure où le pécheur rebelle,
Se sentant ressaisi par l’angoisse cruelle,