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Myrtes et Cyprès.

Prête à tomber gaiement dans le gouffre liquide,
N’ait pu bouger devant un spectre glacial.

La forêt a perdu ses bruits et ses murmures,
Les vieux sapins n’ont plus d’oiseaux dans leurs ramures ;
Un silence effrayant règne en ces profondeurs,
Si ce n’est quand la bise, en effleurant le givre,
Provoque par moments de plaintives rumeurs
Que l’écho désolé ne peut faire revivre.

Lorsqu’on est seul alors devant cet horizon,
L’âme se décourage et gagne le frisson,
Quelque chose de sombre et de triste l’assiège.
La nature, muette en sa roide splendeur,
Éblouit vos regards sans toucher votre cœur,
Et votre œil cherche en vain une fleur sous la neige.


Forêt de Soignies, 1867.