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Myrtes et Cyprès.

Et que ton enfant le poète
Expire avant d’être compris ?
Sais-tu que le cœur se dessèche
À toujours rester sur la brèche,
Par amour du bien et du beau,
Quand la foule rit de vos peines
Ou vous accable de ses haines
Qui vous couchent dans le tombeau ?

Le culte affreux de la matière
Écarte la pure lumière
Que l’art jetait sur les mortels.
L’or est le seul dieu qu’on adore.
S’il nous fallait chanter encore,
Ce serait devant ses autels
Que nous conduiraient ses apôtres,
Tandis que je n’en ai point d’autres
Que le vrai, le beau, l’idéal,
Et que l’amour est mon fanal.