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Myrtes et Cyprès

Ce cercueil qui devra contenir ma dépouille,
Puis-je espérer, hélas ! qu’une larme le mouille ?
Au cortège banal, morne accompagnement,
Mise en scène sans prix, deuil bâti sur commande,
Se trouvera-t-il bien un ami qui répande
Des pleurs qui ne sont pas séchés en un moment ?

Attendront-ils que la dernière pelletée
Sur la fosse sinistre ait été rejetée
Pour pousser un soupir de doux soulagement.
Pour se dire, au retour de la cérémonie,
Qu’elle a duré longtemps, qu’enfin elle est finie,
Et que ces choses-là se font trop lentement ?

Que me prometriez-vous, ma muse ?
Idéal, que me disiez-vous ?
Chimère, n’es-tu point confuse
Que tant de pleurs et de dégoûts
Remplacent les tableaux si doux
Que tu présentais à ma vue,