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Myrtes et Cyprès.

Jusqu’au froissement sourd du vent dans le feuillage,
Et comment il se fait que parfois je m’endors
En paraissant ouïr de célestes accords,
Ou qu’au milieu du jour, quand tu veux me distraire,
Je murmure tout bas, comme un homme en prière,
Des mots entrecoupés, pareils aux gouttes d’eau
Rejoignant tour à tour les ondes du ruisseau.
À te dire comment, je l’ignore moi-même.
Ayant le cœur plus grand, plus que les autres j’aime ;
Je vis dans un passé fait de longs souvenirs :
De là très-peu de rire et beaucoup de soupirs…
— Puis, ce que tu sais bien, c’est que dans chaque page
Où l’idéal est femme, elle est à ton image ;
Que mon vers joint ton nom à celui de mon Dieu,
Que tu me suis sans cesse à toute heure, en tout lieu.
C’est toujours une main céleste qui m’effleure
Et fait que tour à tour je rayonne et je pleure.

Je me suis dit souvent : En ce vaste univers,
Aux fanfares des bois, aux roulements des mers,