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Myrtes et Cyprès.

Je viens de te quitter. Maintenant, dans ma chambre,
Semblent tomber sur moi les feuilles de novembre.
J’ai voulu m’endormir, mais le sommeil me fuit,
Malgré l’ombre propice au repos de la nuit,
Et je sens résonner, poignante mélodie,
Le trémolo plaintif dans ma tête alourdie.
Je n’entends que ce chant ; en même temps, je vois
Glisser l’archet magique au contact de tes doigts,
Ton regard inspiré, ton sourire adorable…
Oh ! je deviendrai fou, tant tout cela m’accable !

Je me suis habillé, je marche l’air hagard.
La lune pâle au ciel jette un rayon blafard
Sur la muraille blanche où je crois voir ta tête
Apparaître en riant à ma peine secrète.

Et le trémolo pleure, et ses vibrations
M’apportent sans tarir d’autres émotions.
Le violon divin que ton ombre manie
Prolonge jusqu’au jour l’énervante insomnie,