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Myrtes et Cyprès.

De m’enseigner assez de votre art familier
Pour tuer sans faillir mon rival ? — Volontiers.
À vos ordres ! Et quand a lieu votre rencontre ?
— Demain à l’aube. — Allons, vite que je vous montre
Un coup mystérieux, inédit et certain,
Et vous tiendrez n’importe qui dans votre main.
— Mais le prix ? — Mille écus. — Les voilà ! — Je commence
En garde… Le salut !… Mais je vous en dispense. »
Et d’un bond le petit Gondal s’est dépouillé
De son surtout crasseux. Puis d’un fleuret rouillé
Son bras s’est emparé. Comme lui je dégaîne,
Et nous voilà tous deux… Son fer effleure à peine
Mon épée et se meut comme un dard de serpent :
Il glisse ou frappe sec. C’est le souffle du vent ;
Mais c’est aussi l’éclair lancé par la tempête.
Par moments, accablé, mon bras tombe et s’arrête.
Tout en parant mes coups et me portant les siens,
Les yeux de ce Gondal ne quittent pas les miens.
Il me raille, m’excite et par un cri sauvage
Applaudit aux efforts et me rend le courage.