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Myrtes et Cyprès.

Je comprends maintenant, Monsieur est amoureux.
Jeune, beau, noble, riche, et tout va pour le mieux.
Mais Monsieur est jaloux, avec raison peut-être ;
Il s’agit d’écarter d’un seul coup… mais de maître,
Le galant, le fâcheux, le traître, l’effronté,
Qui trouve qu’il faut deux amants à la beauté…
Mais, Monsieur, ces coups-là sont très-chers, on les paie
Au taux de cent écus par homme et par épée…
Combien de compagnons vous faut-il ? Est-il fort
Ce vivant dont je suis chargé de faire un mort ?
— Vous avez deviné, sauf que je me propose
De faire sans témoin et sans aide la chose.
Je veux, comprenez-vous, un duel fer à fer,
Dans lequel je pourrai le percer comme un ver.
Mais pas de guet-apens, cela passe de mode.
— Avouez-moi pourtant que c’était bien commode.
Enfin, puisque Monsieur aime un combat loyal,
En quoi puis-je servir ses projets ? — Mon Gondal,
Vous êtes réputé tireur invulnérable,
Le roi des spadassins ; vous croyez-vous capable