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Myrtes et Cyprès.

     « Ô Pedro, je t’adore… Restons
Enlacés comme ça. C’est le ciel… Nous n’avons
Rien à craindre de lui… Le temps est long encore
Avant qu’il soit ici. Baise-moi. Je t’adore.
Avec l’autre je bâille et je m’endors. C’est bien
De ne pas m’oublier. Ici, pose ta main
Sur mon sein. Ce contact est le bonheur suprême.
En est-il d’autre au ciel ? Je suis à toi, je t’aime…
Ne nous séparons plus. Moment délicieux…
J’expire sur ton cœur… Tu m’entr’ouvres les cieux… »
Ils en étaient donc là ! L’infidèle ! L’infâme !
Briser son corps n’est rien, je voulais tuer l’âme.
Et moi pour ce Pedro, trahi, joué, berné !…
Maudit, trois fois maudit le jour où je suis né !

Comme Bianca venait, en pâmant, de se taire,
Soudain, au bord du lit j’apparus sans colère,
Calme mais menaçant, comme un spectre railleur,
Hideux pour la traîtresse et pour son séducteur.
Ils me virent, alors que dans la jouissance