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Myrtes et Cyprès.


Sentant grandir en moi l’angoisse du malheur.
Je montai l’escalier. Rien encore. Qu’était-ce ?
Que penser de ceci ? Ma Bianca, ma maîtresse
Avait-elle quitté ce séjour ? Un bandit
Avait-il perpétré quelque crime maudit ?
Enfin, j’atteins la chambre où mon ange repose.
Qu’ai-je entendu ? Dort-elle, et de sa bouche close
Est-ce le doux soupir du sommeil innocent
Qui monte vers le ciel d’où son rêve descend ?
A-t-elle, pauvre enfant, lasse de la journée
Sur sa couche pudique attendu l’arrivée
De celui qui l’adore et voudrait dans ses bras
La bercer doucement en l’embrassant tout bas ?…
Non ! Malheur !… Ce n’est pas le souffle de sa bouche,
Quelqu’un d’autre au lieu d’elle est entré dans sa couche !
Quoi ! Mais je deviens fou, cette fois… Ils sont deux !
C’est la voix du désir, l’effort voluptueux
De deux souffles ardents se confondant ensemble.
Et la voix de Bianca !… Dieu juste, vois, je tremble !
Que dit-elle ?