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Myrtes et Cyprès.

Six mois, — six jours eût dit mon esprit égaré, —
Unirent mon destin à cet être adoré.
Je ne pouvais passer une heure en son absence
Sans me sentir un vide au fond de l’existence,
Sans que le doute vînt, avec l’ennui profond,
Peser plus lourdement que jamais sur mon front.



IV



Novembre était venu, triste, brumeux, humide,
Avec ses champs flétris, son horizon livide,
Remplaçant les concerts des oiseaux dans les bois
Par le cor du chasseur, mélancolique voix
Se mêlant, quand la nuit descend sur la campagne,
Au murmure plaintif du vent dans la montagne.
Après les jours riants s’approchaient les longs soirs,
Les feuillages touffus tombaient en flocons noirs
Des troncs nus frissonnants, livrés à la tempête.
Moi je sentais aussi dans mon cœur de poëte,