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Myrtes et Cyprès.

Être heureux et répondre à des milliers de voix,
Errer des jours entiers dans les champs et les bois
N’avoir pour occuper les facultés de l’âme
Que ce seul sentiment : l’amour pour une femme.

Tel je fus transformé, moi qu’on avait cité
Pour mon insouciance et ma folle gaîté.



III




Elle m’aima. Du moins elle me le fit croire.
Quand le front est si pur, craint-on une âme noire ?
Quand ses grands yeux d’azur se noyaient dans les miens,
Quand elle me serrait dans ses petites mains,
Quand de tout ce beau corps s’échappait la tendresse
En effluves de feu qui me donnaient l’ivresse ;
Quand ses lèvres pressaient ma bouche, en aspirant
Mon souffle impétueux comme l’eau du torrent ;
Quand nous nous promenions, mon bras cherchant sa taille,
Dans les prés veloutés que le printemps émaille,