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Myrtes et Cyprès.


II


C’était au bal masqué. J’avais cet âge heureux,
Où l’on vit moins encor de l’âme que des yeux,
Où l’on ne sonde pas le beau lac qu’on côtoie,
Où l’on ne cherche pas à disséquer sa joie. —
Je m’étais élancé dans le folâtre essaim,
En pressant dans la mienne une charmante main.
Sentant passer sur moi, comme une brise humide,
L’haleine d’une femme, enivrante et rapide.
Je dansais plein d’ardeur, sans jamais m’arrêter,
N’abandonnant l’une que pour en inviter
Une autre, et malgré tout n’en distinguant aucune ;
Complaisant pour la blonde et galant pour la brune ;
Goûtant la valse ardente, au cours voluptueux,
Pour la danse elle-même. Et, malgré les cheveux
Blonds ou noirs caressant par moments mon visage,
Malgré l’air d’abandon, de langueur, qui dégage,
Chez la femme, l’aimant d’un suprême désir,