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Myrtes et Cyprès.


Qu’un tendre sentiment fait reculer de honte !
Lymphatiques beautés, à d’autres vos rébus !
Quels que soient vos attraits, ils ne m’enflamment plus !
Moi je veux que la femme à son amant se donne :
Madeleine espérez, car Jésus vous pardonne !

Je sais pourtant des jours du jeune âge où, parfois,
Je me surpris pleurant au plus profond des bois ;
Baisant avec fureur, quelque portait de femme,
L’implorant à grands cris avec du feu dans l’âme !
Cette fausse vertu qu’on appelle pudeur,
Eut un temps le pouvoir d’électriser mon cœur.
Même il m’est arrivé, devant la femme émue
S’écriant : « Laissez-moi, sinon je suis perdue ! »
De croire à cet effroi, de reculer, niais,
Alors que sur son sein, ivre, je me pâmais.
D’autres fois, à défaut de tendre sérénade,
L’hiver je supportais du vent la rebuffade,
Me promenant jaloux, tout le long d’un trottoir
Pour voir sur ses rideaux jouer son ombre au soir !