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Myrtes et Cyprès.

Tant que je serai là, mon fils n’a rien à craindre
De ses beaux jours je veux prolonger le matin.
« Je le précéderai sur sa route fleurie,
Et j’en écarterai les ronces et l’ortie,
Qui, déchirant notre âme, en détachent le bien.
Des plaisirs souriants la coupe tentatrice
S’épurera par moi de l’essence du vice,
Et je la poserai sans danger dans sa main.

« Il n’y trouvera rien qui ne soit noble et juste :
L’art, fruit délicieux que notre âme déguste ;
La science, à sa suite entraînant la raison,
Et par-dessus cela l’amour d’un Dieu suprême
Qui donne à tous le jour et m’accorde à moi-même
Un fils dont le bonheur devient ma mission.

« Oui, sois heureux, enfant, et mérite de l’être
Garde malgré celui qui l’ose méconnaître
Le sentiment du bien, notre plus cher trésor ;
Garde la charité, quelle que soit ta sphère…